Les origines de l’agilité
Stop aux idées reçues !
On a souvent tendance à penser que l’agilité serait née en 2001 avec la publication du fameux Manifeste Agile ou qu’elle ne désigne que des méthodes de travail pour le développement de logiciel. Pour comprendre ce qu’est l’agilité (et ce qu’elle n’est pas), il est nécessaire de comprendre ses origines.
Les origines de l’agilité
L’agilité n’est pas une mode née de la dernière pluie ! Si l’agilité se démocratise dans les entreprises depuis les années 80, ses prémices remontent au début du XXᵉ siècle avec les différentes Révolutions Industrielles qui vont bouleverser l’organisation du travail.
Taylorisme et Fordisme (Fin 19ᵉ – début 20ᵉ siècle)
Le Taylorisme est une organisation du travail théorisée par l’ingénieur américain Frederick W. Taylor à partir des années 1880. Pour l’illustrer, nous avons tous en tête cette fameuse image de Charlie Chaplin sur sa chaîne de montage dans les Temps Modernes.
- La production est découpée en micro-tâches simples confiées à un ouvrier spécialisé,
- Une organisation verticale du travail, en silo : les ingénieurs pensent le travail et les ouvriers doivent l’exécuter conformément aux instructions et à la formation que les premiers leur fournissent.
À partir de 1908 Henri Ford introduit de nouveaux principes pour constituer ce que l’on appelle le Fordisme :
- Partager une vision commune rend les travailleurs plus impliqués et donc plus productifs.
- Augmenter les salaires de base en l’indexant sur la production augmente le pouvoir d’achat des salariés : ainsi, ils peuvent acheter les voitures qu’ils construisent devenant ambassadeurs de la marque.
- Concevoir et construire des voitures faciles à entretenir et à conduire, qui soient adaptées aux contraintes et aux besoins des consommateurs augmente les ventes.
Le Toyota Production System
Cependant, c’est au Japon, avec la famille Toyoda que l’agilité trouve ses fondements avec la création en 1937 de la Toyota Motor Corporation. Mais après la Seconde Guerre Mondiale, l’usine automobile doit faire face à un manque de liquidité, d’espace d’entreposage et de ressources naturelles.
Cherchant l’élimination du gaspillage du cycle de fabrication (et donc faire des économies), la famille Toyoda met au point le Toyota Production System (TPS), un système permettant de produire en temps réel, en fonction de la demande client, donc sans production excessive… Ce que les Américains appelleront le lean manufacturing. (littéralement la fabrication maigre, sans surplus).
Le “TPS” pose alors les grands principes de l’agilité. Il introduit notamment :
- une culture de l’amélioration en continu et d’autonomisation des salariés (le kaizen),
- l’étiquetage (kanban) pour la gestion des pièces à produire ou à livrer et éviter ainsi le gaspillage,
- l’adaptation face au changement,
- le respect des salariés,
- la force du travail d’équipe,
- l’importance d’une philosophie à long terme plutôt que les objectifs financiers à court terme.
Mais on est encore loin de parler d’agilité ou d’entreprise libérée…