De la formation à l'apprenance - Chronique d'Emmanuelle Pays
2020-01-18
Chronique | C'est désormais la capacité à acquérir de nouvelles compétences et à s'adapter au changement qui va faire la différence pour trouver un emploi ou obtenir une promotion.
Quels seront les métiers de demain ? Quelles compétences acquérir pour pouvoir les occuper ? Certains maîtres de la prospective nous annoncent que tout ou partie des emplois actuels vont disparaître, impactés par l'intelligence artificielle et la robotisation alors que, dans le même temps, de nouveaux métiers émergent (data scientist, psydesigner, agriculteur vertical, gestionnaire de drone, etc.). En réalité, il est difficile de savoir quels seront les métiers du futur.
Risque d'inadéquation des compétences
En revanche, ce qui est certain, c'est que le marché du travail connaît une mutation accélérée du fait des nouvelles technologies. Dans son rapport « Automatisation, numérisation et emploi » publié en 2017, le Conseil d'orientation pour l'emploi déclarait que « si moins de 10 % des emplois cumulent des vulnérabilités qui pourraient en menacer l'existence dans un contexte d'automatisation , la moitié des emplois existants pourrait voir leur contenu notablement ou profondément transformé ».
Ce risque accru d'inadéquation des compétences (« skills mismatch ») pose, pour chaque individu, la question centrale de l'employabilité, ou la capacité à acquérir ou à maintenir les compétences nécessaires pour conserver ou trouver un emploi dans un environnement économique très volatil. Tout comme l'obsolescence rapide des compétences techniques dites « transactionnelles » (répétitives, routinières et donc automatisables), la nécessité d'une mobilité professionnelle accrue ne fait aucun doute.
S'adapter au changement
Pôle emploi estime, pour sa part, que les jeunes actifs changeront en moyenne 13 à 15 fois d'emploi au cours de leur vie professionnelle, soit deux fois plus que les générations précédentes. Ce mouvement de fond induit la prédominance croissante de la notion de compétence sur celle de métier.
Alors qu'auparavant les employeurs valorisaient la maîtrise d'un métier - c'est-à-dire l'habileté que procurent la pratique et l'expérience -, c'est désormais la capacité à acquérir de nouvelles compétences et à s'adapter au changement qui va faire la différence pour trouver un emploi ou obtenir une promotion.
Autrement dit, l'employabilité serait désormais largement conditionnée par des compétences d'apprentissage (« learning skills »). Ces dernières ont été identifiées, dès 2005, par plusieurs organismes internationaux (Unesco, OCDE etc.) comme faisant partie des compétences du XXIe siècle et font, depuis, largement consensus. On les appelle l**es « 4 C » : pensée Critique, Créativité, Coopération, Communication. **
Posture "d'apprenance"
La mobilisation de ces compétences va déterminer la capacité d'un individu à interagir avec efficacité et empathie, quel que soit son métier. Bref, à apporter une valeur ajoutée dans un domaine qui ne pourra pas être préempté par des machines, fussent-elles intelligentes. Pour Alvin Toffler, le futurologue américain, « les illettrés du XXIe siècle ne seront pas ceux qui ne savent pas lire et écrire, mais ceux qui ne savent pas apprendre, désapprendre, et réapprendre ». Cette évolution de la notion de compétence professionnelle va dans le sens des dernières réformes de la formation professionnelle : faire des salariés les acteurs privilégiés de leur employabilité et favoriser chez le plus grand nombre une posture « d'apprenance ».
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