Les impacts environnementaux du numérique
2023-09-01
En tant que société de conseil en IT & Digital, nous sommes conscients de l’impact négatif que peut avoir l’utilisation du numérique sur notre environnement. Nous sommes également convaincus que l’IT peut être vecteur de progrès durable et inclusif. C'est pourquoi, la quête d’un numérique plus responsable est devenue une priorité.
La Comet’ Green Tech d’Extia s’est penchée sur cet enjeu avec un Meetup®Event dédié à l’impact environnemental du numérique : vers une démarche de sobriété et d’éco-conception numérique. À cette occasion, Christophe Clouzeau, membre du comité scientifique de l’INR (Institut du Numérique Responsable) et expert de l'éco-conception, nous a partagé ses connaissances sur le sujet et a proposé des axes d’amélioration pour réduire son empreinte écologique et sociale du numérique. Voici un résumé de son propos.
LES GRANDS ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX
Aujourd’hui, l’humanité doit faire face à trois grands enjeux environnementaux :
- le réchauffement climatique – CO2 (carbone) & GES (Gaz à Effet de Serre) ;
- l’épuisement des ressources naturelles ;
- l'extinction massive des espèces.
Les causes de ces trois grands enjeux sont notamment la surpopulation de la planète, la production énergétique qui ne cesse d’augmenter et la surconsommation des êtres humains.
Actuellement, l’empreinte carbone moyenne d’un français se situe entre 10 et 11 tonnes par an (empreinte CO2 moyenne dans le monde : 7,6 tonnes par personne et par an). Vous souhaitez connaître votre empreinte carbone ? C’est par ICI.
Lors de la COP 21 (Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques), un objectif à horizon 2050 a été fixé pour réduire l’empreinte carbone de la population française : atteindre une moyenne de 1,6 à 2,8 tonnes par habitant et par an.
LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DU NUMÉRIQUE
Le numérique représente 3 à 4% des GES dans le monde. Cela ne vous parle pas ? Selon l’ADEME, l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, une entreprise de 100 salariés consomme en moyenne par an l’équivalent de 14 allers-retours en avion entre Paris et New York simplement par l’envoi et la réception de mails. Autrement dit, le numérique consomme plus que l’aéronautique civil.
L’impact du numérique peut se diviser en 3 catégories :
- les terminaux : écrans, objets connectés, box internet, etc.
- les serveurs informatiques : Data Centers et centres de calculs
- les infrastructures réseaux : les câbles qui sont présents sous terre, les bornes relais, les satellites, etc.
Les terminaux sont responsables de la majeure partie de la pollution numérique avec un total de 34 milliards d’objets. À titre de comparaison, on observe seulement 67 millions d’équipements dans les Data Centers. In fine, plus que la pollution numérique liée à l'utilisation du digital (mails, recherches internet, lectures vidéos, etc.), l'impact environnemental du numérique de chacun est dû principalement à la volumétrie des équipements.
“Comme l’impact est davantage côté matériel, prenez soin de vos appareils pour les garder le plus longtemps possible. C’est déjà un premier pas vers la sobriété numérique.” - Christophe Clouzeau membre du comité scientifique de l’INR (Institut du Numérique Responsable) et expert de l'éco-conception.
UNE EMPREINTE ENVIRONNEMENTALE EN HAUSSE
Depuis l’apparition du numérique, les énergies primaires, les gaz à effets de serre et tous les polluants ne cessent d'augmenter. En conséquence, l’empreinte carbone a tendance à doubler tous les 15 ans et la consommation des énergies double tous les 8 ans.
Entre 1995 et 2022, le poids moyen d’une page web a été multiplié par 165. En 1995, il était de 14 ko (kilooctet) et aujourd’hui une page web pèse environ 2 300 ko. Par comparaison, en 1969, pour poser un pied sur la lune, seulement 70 ko d’un ordinateur ont servi à faire atterrir l’équipage de la mission spatiale américaine Apollo 11. Aujourd’hui, 70 ko ne correspondent même pas à l’envoi d’un mail (500 ko en moyenne).
Malheureusement, cette croissance n’est pas prête de s’arrêter. Les scientifiques estiment qu’en 2030 10% des GES mondiaux et 20% de la consommation d'électricité sera utilisée par le numérique.
En effet, avec l’émergence de l’intelligence artificielle et de la 5G, nous risquons d’entrer dans une ère encore plus polluante que celle que nous connaissons aujourd'hui. À titre d'exemple, notre utilisation de la blockchain (très énergivore) sera encore plus importante d’ici 2030.
LE GRAS NUMÉRIQUE : VECTEUR DE POLLUTION
On parle de gras numérique pour désigner l’ensemble des fonctionnalités d’une page ou d’un site web qui ne sont pas essentielles à la navigation de l’utilisateur. En voici quelques exemples.
Depuis les années 2000, à quelques détails près, nous utilisons le web de la même manière et quasiment pour les mêmes besoins. La différence la plus marquante de ces dernières années est le développement de la vidéo.
De plus, l’utilisation devenue illimitée d’internet amène les consommateurs à charger des contenus et des applications de plus en plus lourds avec beaucoup de fonctionnalités, ce qui ralentit les appareils.
Si l’on compare les pages d’accueil des moteurs de recherche Google et Yahoo on observe que Google est bien plus minimaliste. Alors qu’on y trouve uniquement une barre de recherche et un logo, Yahoo présente en plus un accès à la boîte mail, de la publicité, l’horoscope, les actualités sportives, etc. En bref, deux moteurs de recherche qui ont la même utilité de base ne consomment pas la même énergie numérique.
L’obsolescence programmée des appareils est également une forme de gras numérique puisque cela vous pousse à consommer plus. Pour les logiciels, nous parlons d’obésiciel. Par exemple, entre Office 97 sur Windows 98 et Office 2019 sur Windows 10 nous avons besoin de 171 fois plus de RAM et vous utilisez 60 fois plus de ressources. Cependant, nous n’avons pas 171 fonctionnalités supplémentaires.
LA POLLUTION LIÉE À LA FABRICATION DES ÉQUIPEMENTS NUMÉRIQUES
Les 3 étapes du cycle de vie du numérique sont la fabrication d’un équipement, son usage (aussi bien d’un matériel que d’un service du numérique) et sa fin de vie.
Quand nous regardons ces 3 étapes, nous pouvons retenir que c’est le poste de fabrication qui gonfle l’impact du numérique. La fabrication des équipements nécessite des ressources (eau, électricité etc.), des minerais et des métaux rares qui provoquent des contaminations chimiques et du GES.
Quelques chiffres à retenir :
- la fabrication correspond à 60-80% des impacts environnementaux ;
- la fabrication et les usages représentent 3 à 4% de GES produit par le numérique dans le monde ;
- la fabrication et les usages utilisent 3 à 5% de la consommation d’énergies dans le monde ;
- 70 à 90% des déchets sont hors circuit des filières de recyclage réglementées au niveau mondial.
PLACE À LA SOBRIÉTÉ ET LA RESPONSABILITÉ
VERS UNE ÉCO-CONCEPTION NUMÉRIQUE
Face à ces résultats inquiétants, il en revient à chacun de se diriger vers une sobriété énergétique et une responsabilisation des générations actuelles et futures. L’éco-conception des produits et services est alors une technique encouragée pour réduire l’empreinte environnementale des entreprises.
“L’éco-conception numérique correspond à concevoir un projet numérique dans le but de réduire son impact environnemental.“ - Christophe Clouzeau membre du comité scientifique de l’INR (Institut du Numérique Responsable) et expert de l'éco-conception.
Quand on parle de numérique responsable, on parle en réalité d’un ensemble d’engrenages :
- Eco-conception
- Accessibilité
- Ethique (RGPD)
- Performance
- Durabilité
- Sobriété
- Inclusivité
- Sécurité
Le numérique responsable désigne cet ensemble qui est au service du développement durable par des axes économiques, sociaux et environnementaux.
LE CADRE LÉGISLATIF SE MET EN PLACE
Le gouvernement, soucieux de l’impact de l’IT sur l’environnement, a mis en place des lois et des actions[1] afin de limiter au maximum cet impact. L’objectif ? Converger la transition écologique et numérique.
Aujourd’hui, voici la liste des différentes lois françaises qui tendent vers un numérique plus responsable :
- Février 2020 : l’Etat s’engage dans une stratégie de réduction de l’empreinte carbone du numérique public.
- Février 2020 - Loi AGEC : impose une dissociation entre les MAJ de confort et les MAJ de sécurité (obsolescence logicielle).
- Février 2020 - Loi AGEC : impose l’affichage dès le premier janvier 2021 d’un indice de réparabilité sur certains produits électriques et électroniques de consommation courante (obsolescence programmée)
- Novembre 2021 - loi REEN : Réduction de l’Empreinte Environnementale du Numérique selon 5 grands axes (plus d’infos ici).
En Europe, la loi indique une résolution du parlement européen de lutter contre l’obsolescence programmée des biens et logiciels et la défense des droits des consommateurs.
[1] source : institut du numérique responsable
SOBRIÉTÉ NUMÉRIQUE : COMMENT S’ENGAGER ?
Les petits ruisseaux font les grandes rivières ! Lors de ce Meetup® Event, Christophe Clouzeau a souhaité nous partager quelques bonnes pratiques de sobriété à adopter au quotidien afin que le numérique responsable devienne un réflexe pour toutes et tous !
Voici quelques conseils à retenir si vous consommez des appareils numériques :
- Au moment de l’achat, privilégiez les appareils sobres en consommation d’énergie.
- Prolongez la durée de vie de vos appareils en les protégeant, en les réparant, en les donnant ou en les jetant dans une filière DEEE (ateliers du Bocage, Emmaüs Connect, etc.).
- Luttez contre la multiplication des outils numériques.
- Au quotidien, adoptez des petits gestes faciles :
- Regardez et écoutez les vidéos en bas débit
- Coupez votre webcam pendant les visioconférences
- Envoyez moins d’emails, moins de pièces-jointes et favorisez l’échange physique
- Triez vos données (mails, docs, photos, vidéos)
- Centralisez vos documents partagés à un seul lieu
- Évitez le mode veille, coupez les alimentations de vos appareils y compris la box.
En bref, il est conseillé d’agir au quotidien en privilégiant la durabilité et la réparabilité, en réduisant votre empreinte carbone par la sobriété et en éco-concevant vos services numériques. Ce contenu vous a plu ? Retrouvez toute l'actualité, les événements et les replays de nos Comet' by Extia sur Twitter et sur LinkedIn.